Ils ont présidé la FNASOR… Le général de corps d’armée Marcel Buffin
Dans un précédent portrait, nous avons vu que pendant l’année 1967, l’Abbé Henri Pistre, Président-adjoint et ancien sergent major issu du contingent, a dû assurer la présidence de la FNASOR. La maladie puis, le décès brutal du général François Huet, a nécessité, pour respecter la tradition établie depuis 1932, la recherche d’un officier général de haut rang pouvant présider la fédération. Ayant assumé la fonction d’Inspecteur du personnel des réserves de l’Armée de Terre puis, le commandement d’une Région militaire, le général de corps d’armée Marcel Buffin acceptait la présidence de la FNASOR, le 10 mars 1968.
Saint-Cyrien à moins de 18 ans

Né à Sfax, le 27 novembre 1906, il entre à Saint-Cyr en 1924. A sa sortie de l’école, il choisit l’infanterie métropolitaine. Il est nommé, le 1er octobre 1926, sous-lieutenant au 8e bataillon de chasseurs à Metz. Lieutenant en octobre 1928, il part en février 1929, sur sa demande, en opération au Maroc. Affecté au 13e régiment de Tirailleurs Algériens, il restera désormais fidèle aux Tirailleurs et à l’Armée d’Afrique pendant la plus grande partie de sa carrière.
Fidèle aux Tirailleurs et à l’Armée d’Afrique
En 1932, en rentre du Maroc et il est affecté au 8e régiment de Tirailleurs Tunisiens à Bizerte. En 1934, il est admis à l’Ecole supérieure de guerre puis, promu capitaine en décembre 1935. A sa sortie, il choisit l’état-major du 19e corps d’armée à Alger. En 1938, il prend le commandement d’une compagnie au 5e régiment de Tirailleurs Algériens à Maison-Carrée.
A la mobilisation en 1939, il est affecté à l’Etat-major du théâtre d’opérations de l’Afrique du Nord, puis en février 1940, à l’Etat-major de l’Armée et y reste à Vichy.
Promu chef de bataillon en décembre 1941, il est affecté, sur sa demande, au 9e régiment de Tirailleurs Algérien à Miliana. Il participe à la campagne de Tunisie à la tête du 1er bataillon du 9e régiment de Tirailleurs Algériens. Affecté en octobre 1943 à l’Etat-major de l’Armée à Alger, il est promu lieutenant-colonel en juin 1944 et rejoint l’Italie avec le 1er régiment de Tirailleurs Algériens (4e division marocaine de montagne).
La campagne de France et la poche de Colmar
Il participe à la campagne de France avec ce régiment et il est gravement blessé, en janvier 1945, lors de la réduction de la poche de Colmar. A sa sortie de l’hôpital en novembre 1945, il est nommé sous-chef du 1er Bureau à l’Etat-major de l’Armée puis, reçoit en avril 1946, le commandement du 1er régiment de Tirailleurs Algériens à Blida. Il est promu colonel en mars 1947.
En juin 1948, il est nommé au ministère de la Défense nationale, chef du Bureau Organisation des études générales de la Direction des personnels militaires de l’Armée de terre qui vient d’être créé par dissolution des Directions d’Armes.
En juin 1950, il est nommé chef d’Etat-major de la 10e Région militaire à Alger. En septembre 1953, désigné, sur sa demande, pour l’Indochine, il est affecté aux fonctions de chef d’état-major adjoint du commandant en chef de la Région des Plateaux du Centre Vietnam en juin 1954. Il en prend le commandement en octobre 1954.
Rapatrié en juin 1955, il est affecté à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale et au Centre des Hautes Etudes Militaires.
Désigné pour l’Algérie en juillet 1956, il prend le commandement du Sud-Oranais à Mecheria.
Général de brigade en juillet 1957
Il conserve son commandement qui conforte le barrage de la frontière marocaine dans l’Atlas Saharien, jusqu’en mai 1959. Rapatrié et affecté en Allemagne pour prendre à Fribourg, le commandement de la 3e Division d’Infanterie le 1er octobre 1959. Cette division est transformée le 1er avril 1960 en 3e division mécanisée du type « 1959 ». Promu général de division le 1er octobre 1961, conserve son commandement jusqu’au 25 octobre 1962.
A cette même date, il prend à Paris les fonctions d’Inspecteur du personnel des réserves de l’Armée de Terre et reçoit le 1er décembre 1963, rang et appellation de général de corps d’armée.
Membre du conseil supérieur de la guerre pour les années 1964, 1965 et 1966.
Président de la FNASOR en 1968
Nommé commandant de de la 3e Région militaire à Rennes en juin 1965, il est atteint par la limite d’âge de son grade le 27 novembre 1966 et placé dans le cadre de réserve.
Cependant, rendu à la vie civile, il a continué à Servir en devenant le Président de la FNASOR en 1968. Il sera aussi, Président de la Confédération des sous-officiers français et Président de l’Association européenne des sous-officiers de réserve (devenue CISOR en 2013). Pendant sa présidence, il relèvera la fédération en la faisant passer de 7.000 membres à plus de 24.000. Par ailleurs, après un travail acharné, il fût à la base de la création d’un statut du sous-officier de réserve.
Il décède le 11 septembre 1984, à l’hôpital militaire du Val de Grâce.
Le général Marcel Buffin était Grand Officier de la Légion d’Honneur (juillet 1962),
Grand-Croix de l’Ordre National du Mérite (juin 1976),
Titulaire de 9 citations dont cinq à l’Ordre de l’Armée.
Lors de l’assemblée générale extraordinaire du 5 décembre 1982, les sous-officiers de réserve ont décidé, à une forte majorité, de modifier les statuts de la fédération et de confier la présidence de la FNASOR à un sous-officier de réserve.
A l’issue de ce vote, le général Buffin, Président d’honneur, a prononcé une courte allocution :
J’approuve pleinement ce que vous venez de décider. Les choses évoluent et elles ne sont plus du tout de nos jours ce qu’elles étaient il y a cinquante ou même vingt ans.
Maintenant que votre décision est prise, je puis vous dire que je suis tout à fait acquis depuis l’an dernier à la solution que vous venez d’adopter. Elle me parait s’imposer aujourd’hui pour de multiples raisons. Elle recueille d’ailleurs aussi l’approbation du Haut commandement militaire. On vous regarde. On vous observe.
Plus que jamais, la Patrie a besoin de votre union et de votre dévouement désintéressé autour de celui d’entre vous, choisi par vous, pour vous conduire. Je serai, pour ma part, toujours prêt à lui apporter, s’il le souhaite, mes modestes avis d’ancien qui a beaucoup vécu.
Ne reniez rien d’un passé qui a eu ses grandeurs et ses réussites, passé dont vous devez rester fiers, tous et sans réticence. Il fait partie du patrimoine de la Fédération.
Pour moi, je resterai à vos côtés jusqu’au bout, heureux d’avoir eu, et de conserver encore je crois, votre amitié, confiant aussi dans le destin de la Fédération qui doit continuer sa route pour le plus grand bien de la France.
Dans l’Histoire de la Première armée Française, Le général de Lattre a décrit comme suit l’attaque du 1er bataillon du 1er régiment de tirailleurs sur Brandwaldkopf le 20 janvier : « Très vite les difficultés s’avèrent inouïes. Le pire tient à l’épaisseur de la neige qui dépasse un mètre et sur laquelle les minens tombent drus. Pas un mulet ne réussit à suivre, beaucoup roulent dans les ravins. L’évacuation des blessés ne peut s’effectuer qu’en les faisant glisser le long des pentes qui ressemblent bientôt à des toboggans sanglants. La tempête devenue furieuse rend impossible toute orientation. Un feu infernal s’abat sur les Algériens qui s’enlisent…
Que dire de plus. Le régiment a laissé 900 tués ou blessés aux abords de Thann et de Cernay entre le 20 janvier et le 4 février 1945, comme il avait laissé 902 tués ou blessés à Orbey entre le 15 et le 31 décembre 1944. A ce prix, il accompli sans faiblesse les dures missions qui lui ont été confiées. Les succès remportés n’ont peut-être pas été spectaculaires à son échelon mais, il faut comprendre que tout est solidaire dans une bataille de cette envergure. Les combats épuisants et si meurtriers que nous avons livrés en terre d’Alsace ont interdit au Commandement Allemand de prélever le moindre élément dans notre secteur. Les effectifs ainsi fixés et usés ont manqué ailleurs au moment opportun, et cela a contribué largement à provoquer l’effondrement de l’adversaire dépourvu de réserves là où elles lui auraient été indispensables.
Le régiment peut et doit être fier du rôle qu’il a joué dans la bataille d’Alsace. Puisse la France, pour sa part, mesurer à leur juste valeur et n’oublier jamais le courage, la fidélité et le sacrifice de ces Tirailleurs du 1er Algériens. »